L’accès aux protections hygiéniques en entreprise ou à l’école se démocratise de plus en plus et des entreprises telles que Périodes en sont les actrices !

C’est lors d’un projet scolaire mené que Périodes va voir le jour et leur envie de démocratiser les protections hygiéniques en est la source du succès de l’entreprise ainsi que son leitmotiv.

Des protections hygiéniques bio et dont toute la logistique boîtesest gérée en ESAT, que demander de plus ?

Mais tout leur travail se différencie de la concurrence : ici, il n’est pas seulement question d’en proposer aux entreprises , mais aussi de les accompagner tout au long du processus de mise en place de projet !

L’histoire écrite par Périodes ne fait que commencer…

Peux-tu te présenter ? 

Je suis Juliette, j’ai 27 ans. Je suis avec Margaux, la co-fondatrice de Périodes

Comment l’idée de monter cette boite t’est venue ? 

Le sujet des règles m’intéressait car j’étais au courant des scandales sur les protections hygiéniques, mais un peu comme toutes les femmes, je ne m’étais pas renseignée plus que ça. Quand j’ai rencontré Margaux, on a tout de suite matché sur ce côté créatif et sur cette envie de changer le monde.

Tout part d’un projet scolaire où nous devions développer une start up et on s’est intéressées au sujet des règles.

Le projet a pas mal plu, et il y a eu un engouement autour de la solution qu’on proposait : démocratiser l’usage des protections hygiéniques Bio. 

Petit à petit, on s’intéresse au sujet et on se rend compte que la composition des produits, c’est une catastrophe ! 

Et étant étudiantes, on avait conscience du prix des protections hygiéniques, et on avait des copines qui vivaient la précarité menstruelle au point de devoir faire souvent le choix entre s’acheter des pâtes ou des protections menstruelles.

On s’est aussi rendues compte que dans notre école et même dans les entreprises où on a effectué nos stages il n’y avait pas de protections périodiques à disposition. 

On s’est dit qu’il fallait faire quelque chose pour régler ça et on a voulu lancer tout de suite le projet, en parallèle de notre Master 2.

Comment avez vous choisi le nom “Périodes” ? 

Le nom Périodes vient de l’expression « Period » (en anglais) qui signifie « Le point final ». C’est dans l’idée de venir mettre un point final à tout ce qui se fait de mal dans cette industrie. 

Au fur et à mesure de l’évolution de l’idée on a fini par l’écrire à la française pour que ce soit plus facile à prononcer, et montrer la pluralité de ces périodes menstruelles. 

Pourquoi était-il important de proposer des protections hygiéniques avec du coton bio ? 

Notre but, à l’origine, était de démocratiser l’accès aux protections périodiques bio, et comme ces protections ne sont disponibles qu’en pharmacies/magasins bio, elles sont forcément plus chères.

On a réfléchi au fait de les proposer à des entreprises ou écoles, qui elles les mettraient à disposition gratuitement. De cette façon, on règle le problème d’accès aux protections périodiques et à la fois on démocratise ces protections bio, parce qu’aujourd’hui, il ne devrait exister que celles-là.

Parler de règles en entreprise c’est un sacré challenge, parce que le sujet est tabou. Et quand on y pense, c’est tout aussi normal de proposer des protections hygiéniques pour dépanner nos salariées pendant leurs règles, que de proposer du papier toilette.

Selon toi qu’est ce qui vous différencie de vos concurrents ?

Nous ne sommes pas les seules à proposer des distributeurs mais au-delà de l’aspect produit, nous ce qui nous intéresse c’est de venir aider et accompagner des entreprises à mettre en place ce projet là. L’approche pédagogique est primordiale lorsqu’on travaille sur un projet qui jusqu’à présent n’a jamais été mis en place.

Dans les grandes entreprises il y aura beaucoup de freins parce que ce ne sont pas les sujets prioritaires, c’est aussi un sujet qui peut faire peur parce qu’il reste tabou. Il est donc super important pour nous de bien accompagner nos clients sur la mise en place de ce projet.  

La logistique de toutes vos boîtes est gérée en ESAT c’était important pour vous d’apporter ce côté social et RSE à votre produit ? Pensez-vous que cela aussi vous différencie des autres entreprises ? 

Ça s’est fait assez naturellement, pour nous créer une entreprise c’était réfléchir à cette cohérence RSE de A à Z. On ne pouvait pas proposer un produit qui soit clean et le faire venir de Chine, c’était dans la logique des choses. 

Nous sommes basés sur Aix-en-Provence et on avait envie de rester sur notre territoire et de le dynamiser. Donc en choisissant l’ESAT on avait envie de participer à l’insertion professionnelle et de travailler avec des sociétés de proximité nous permettant de voir nos produits et réfléchir ensemble à la meilleure manière de les conditionner. 

C’est comme pour tout, il y a des marques avec de vraies valeurs et d’autres qui vont moins réfléchir à cette cohérence RSE. Notre manière de faire plaît beaucoup à nos clients.

Parlez nous de vos valeurs / caractériser périodes en 3 mots : 

Notre mission, c’est d’équiper tous les lieux qui accueillent du public d’un distributeur de protections hygiéniques.

Avec cette mission, une des valeurs est le féminisme : on est sur la définition pure d’une équité entre les hommes et les femmes. Le sujet des règles est lié à tout ce qui ne va pas dans notre société patriarcale. 

La différence de traitement entre les hommes et les femmes est très visible dans monde de l’entreprise, qui a été réfléchi par des hommes et pour des hommes, les règles sont le premier exemple qui nous frappe. Les femmes doivent se débrouiller quand elles ont leurs règles.

C’est un combat aussi politique, il y a des gens pour et contre le fait d’avoir des protections hygiéniques à disposition dans des toilettes publiques. 

Il y a aussi des valeurs de santé et d’écologie. On propose des produits sains et sans plastique forcément ce sont des valeurs fortes qui accompagnent notre cohérence RSE. 

On veut que le produit soit le plus clean possible et qu’il entre dans une vraie démarche d’impact positif pour la société. 

Féminisme, Santé, Écologie et j’ajouterais pédagogie car le sujet est mal connu. Il nous faut faire un gros travail d’éducation et de sensibilisation.

Périodes en chiffres ça donne quoi ? 

Aujourd’hui, on travaille avec 200 clients partout en France, principalement sur Paris et dans le nord de la France.

Périodes, c’est une équipe de 5 personnes basée à côté d’Aix en provence. 

Avez-vous l’ambition de vous exporter ? En Europe ou ailleurs ? 

On a déjà quelques distributeurs en Espagne, en Italie, en Suisse, en Belgique, au Luxembourg et au Maroc !  Ce n’est pas une volonté aujourd’hui, parce qu’il y a déjà beaucoup à faire en France. Mais en effet, le problème reste global, les femmes auront toujours leurs règles et donc le problème est international.

En parlant de vos clients, en vous choisissant pensez vous qu’ils ont un désir de changer leurs impacts RSE ou pour certains c’est simplement du social washing ? 

Chez nos clients, c’est une vraie volonté de mettre en place ce dispositif. La plupart du temps, les gens n’y ont simplement pas pensé. Il n’y a pas forcément de côté mal intentionné. 

Parfois il peut y avoir des réticences liées à des craintes sur des questions telles que « Peut-être que les protections seront volées, les salariées vont en abuser, etc » mais dans les faits, ça n’arrive pas et ça les conforte. Celà s’inscrit toujours dans une politique pour une meilleure qualité de vie au travail de la part de la personne responsable de la RSE ou des RH. Au-delà de mettre simplement un produit à disposition pour ses employées, ça s’inscrit aussi dans la démarche d’égalité des genres. 

Malgré toutes les mises en places (congés menstruels, mise à disposition de protections hygiéniques gratuitement) pensez-vous que le sujet des règles reste tabou ? 

On vient à peine de mettre ce sujet dans la sphère politique, et justement c’est là qu’on se rend compte qu’il y a du chemin à faire. Quand on voit les débats qui sont ouverts sur les congés menstruels en entreprise, ça reste anecdotique. 

La mise à disposition de distributeurs par exemple, est encore peu démocratisée, nous avons 200 clients, mais ce n’est pas grand chose pour un pays comme la France. Beaucoup de personnes ne savent même pas que ce sont des choses qui existent ! 

Cela se démocratise de plus en plus mais on est encore dans une niche. 

Le sujet est de plus en plus abordé depuis ces 5 dernières années et quand on voit des pays comme l’Espagne qui légifère les congés menstruels ou encore L’Écosse qui rends les protections menstruelles gratuites dans tous les lieux publiques, je pense que ce sont des signes que la France va bientôt suivre dans quelques années. 

Malgré tout, le sujet reste encore tabou parce que ce n’est pas assez enseigné à l’école aussi, les gens doivent se documenter seul.e.s sur Instagram ou tiktok pour comprendre comment fonctionne leur corps. Les garçons sont complètement exclus de la discussion parce qu’on leur dit que ça ne les concerne pas. 

On espère qu’en soulevant ces débats là et en réfléchissant à ces sujets, les entreprises et l’éducation nationale vont se rendre compte qu’il y a quelque chose à faire sur le terrain. 

Comment vois-tu Périodes dans le futur? Avez vous des projets ? 

Dans le futur, on aimerait bien travailler avec chaque secteur d’activité dans l’optique d’équiper toutes les toilettes publiques. On aimerait beaucoup, que dans les années à venir, les femmes sortent de chez elles avec la conscience tranquille en se disant qu’elles trouveront des protections hygiéniques dans les toilettes de l’endroit où elles se rendent.  

Donc dans 10 ans, si ça devient banal de trouver des protections menstruelles dans des lieux accueillant du public, alors périodes aura réussi sa mission.